Hospitalisé,
durant 9 mois, au sein de structures psychiatriques (CHGR et Clinique du
Moulin à Bruz) en 2018, pour la 1ère fois, dans mes parcours
d'hospitalisations, entre 2005 et 2019 (au nombre de 5), j'ai utilisé
l'écriture pour accompagner ma relation avec le psychiatre référent, et d'une
manière plus générale, avec l'équipe de soin à l'unité Magnan. Si je
n'ai jamais pensé écrire à un Dr chirurgien à l'hôpital général, le cadre d'une
hospitalisation en psy se révèle plus favorable
Mais
l'écriture, qu'est ce que c'est au juste ?:
1) Poser des
mots qui passent par l'esprit sur la page blanche, alors on se retrouve
d'emblée confronté à la nécessité de respecter l'orthographe, la grammaire, la
possibilité d'être compris comme on l'entend. Si on possède ces prérequis,
(éventuellement aidé par un soignant, ou un-e ami-e usager plus expert-e),
alors le blog « l'écho des esprits » vous tend ses bras, dans
l'envie et le but de vouloir partager avec les autres
2) Vouloir
transmettre un ressenti, un message, une analyse aux soignants et le 1er
d'entre eux, le psychiatre, demande d'être familiarisé à l'acte d'écriture, et
d'être davantage rompu au maniement des concepts, des références solides et
n'est, de ce fait, pas accessible au « 1er venu ».
C'était mon
cas, « en toute modestie », mais écrire sur des sujets qui me
tenaient à cœur, je savais le faire, écrire, à destination du psychiatre qui me
suit, qui à le pouvoir de garder ou de renvoyer de l'hôpital, ça c'était
nouveau. C'est ainsi qu'au cours de l'année 2018, je n'ai pas moins produit 6
écrits, pour aboutir avec un dossier de 16 pages dûment remplies.
Le starter
de cet exercice particulier, à Magnan, s'est produit à l'occasion d'un malaise
vagal, consécutif à une angoisse en cours et une prise de cannabis simultané (3
bouffées). Le psychiatre sur site, étant encore présent, il est alors venu à
mon chevet mais mes tentatives de dialogue étant incompréhensibles (je
voulais lui dire qu'à cause d'un sms envoyé, j'avais perdu, pour toujours, mon
meilleur ami), il a fini par me lancer : «mettez moi ça par
écrit !». En culpabilité par rapport à moi-même, mais aussi par
rapport à la perte « inévitable à mes yeux) de mon meilleur ami, je mis un
week- end entier pour écrire un A4 recto verso serré, afin de tenter de lui
expliquer ce qui avait été en jeu chez moi, lors de ce malaise. Et toujours
dans la crainte, "non rationnelle", qu'il pouvait en juge suprême,
décider de mon renvoi d'hospitalisation. Surprise !, c'est avec un
détachement certain qu'il prit cet écrit, alors que moi je me plaçais en
radicale auto-accusation (usage du cannabis, les «lâchetés» de mon passé, etc .
. . ).
Par la
suite, ce chemin d'écriture étant engagé (dégagé ?), je me suis appuyé sur le
contenu de nos rendez-vous, pour lancer, sans y avoir pensé avant, une nouvelle
page d'écriture. Page, à ce moment là, toujours empreinte de mes
«flagellations» d'angoisses. L'exercice en était salué par le psychiatre (vous
écrivez très bien – avec brio – ça doit vous faire du bien de produire ça),
propos qui ne me rassuraient pas du tout sur mon état de santé (que je vivais
comme irréversible, persuadé de ma déchéance indigne et d'une mort affreuse).
Ce n'est, qu'après ma « sortie du
trou », que j'ai pris conscience que mettre en mots écrits, sa
souffrance, ses angoisses, et surtout vers l'interlocuteur psychiatre que l'on
respecte, qui a du pouvoir sur soi (et du mouvoir !). Là, il faut bien
prendre conscience, que les entretiens, en face à face, ne permettent pas tous
les développements permis par la constance, le temps, l'idée fondamentale qui
nécessite d'éclairer le futur lecteur. En effet, il suffit que l'interlocuteur
émette une demande d'explication, d'explicitation, un geste, une attitude pour
que le locuteur perde le fil de sa démonstration.
Écrire
dans le blog L'écho des esprits est à la portée de beaucoup d'entre nous,
avec ou sans aide. C'est faire preuve de solidarité, d'envie de construire un
espace commun avec ses pairs (et aussi ,bien sûr, avec l'équipe soignante).
Quant à
l'exercice auquel je me suis frotté, s'il est plus difficile d'accès, dans le
rapport qui s'établit avec son psychiatre, il faut se persuader, que dans
l'hôpital public, c'est forcément quelqu'un d'attentif et de précautionneux, et
que nous pouvons lui confier le fonds qui nous agite et qu'il ne peut deviner.
Passer par l'écrit est un moyen qui oblige à structurer son récit, à le rendre
accessible, même si cela parle de choses graves ou surtout ressenties comme
telles. Le CATTP Les Colombes, peut vous aider pour cet exercice personnel, par
ses « jardiniers attentifs » que sont les professionnels qui s'en
occupent. Mais, tout de même, j'insiste sur la démarche personnelle et
authentique qu'il doit prendre, ce afin de devenir, si ce n'est pas le,
cas, des usagers du CHGR et de ses prolongements, en pleine responsabilité de
ses désordres pour , in fine, grandir pour soi, au fil du temps.
Constant
, le 15 mars 2019